A la découverte d’un métier pas comme les autres
Conductrice de grue pendant plus d’un an sur le chantier Eole de la Porte Maillot, elle partage avec nous son expérience. Dans un milieu principalement masculin, Julie Longuet prend de la hauteur.
Quelques mots pour vous présenter…
Je m’appelle Julie Longuet, j’ai travaillé comme grutière à tour pendant plus d’un an sur le chantier Eole de la Porte Maillot. J’exerce cette profession seulement depuis 18 mois, le chantier Porte Maillot était mon troisième chantier. J’ai fait des études de Biologie et j’ai été professeur de SVT. J’ai démissionné de l’Education Nationale et j’ai fait une formation de 3 mois et pouvoir conduire des grues à tour.
Une reconversion peu commune ! À quel moment décide-t-on de changer radicalement de domaine ?
J’avais cette idée en tête depuis longtemps mais c’était plus du domaine du fantasme. A un moment, je voulais vraiment quitter l’éducation nationale et j’ai cherché des pistes avant de prendre ma décision. Dans quel secteur trouver c’était le plus facile de trouver du travail, quelle formation choisir, ni trop longue et trop compliquée. J’ai repensé aux grues et je me suis renseignée. J’ai vu que le secteur recrutait, qu’il y avait des formations courtes et les compétences requises me correspondaient bien alors je me suis lancée. J’ai fait un premier chantier à Vitry pour la construction du métro ligne 15 puis un petit chantier de bâtiment en Seine-Saint-Denis pour l’extension d’un hôpital.
Pourquoi spécifiquement les grues à tour ?
J’ai une appétence pour les grosses machines et pour le travail sur les chantiers. Sur un chantier, on voit les choses se mettre en place progressivement. On part d’un terrain nu et on voit des immeubles, des gares, des stades se construire. Et le petit plus des grues à tour, c’est naturellement le travail en hauteur.
Est-il fréquent que ce métier soit exercé par une femme ?
Comme beaucoup de métiers dans le bâtiment et le génie civil, la majorité des compagnons sont des hommes. Il doit y avoir moins de 10% de femmes dans les métiers de la grue. Cela peut effectivement surprendre de voir une femme dans la grue. Sur un chantier comme Porte Maillot, il y a quelques femmes mais on reste des exceptions. Je n’ai jamais eu de problèmes particuliers. Je constate plus de la surprise que des réactions négatives.
Et alors, ce chantier Eole à la Porte Maillot ?
Sur ce chantier, même avec peu d’expérience cela se voit tout de suite que c’est un chantier très particulier, que ce soit sa situation, son ampleur. C’est un grand chantier, avec beaucoup de contraintes, au cœur de la vie. La circulation des voitures, des piétons… j’imagine que pour les ingénieurs cela a dû être un sacré casse-tête à mettre en place.
Vu de là-haut on voit tout le gigantisme du chantier, notamment les zones compliquées, avec toute la vie autour. Pour ça c’est un chantier vraiment intéressant
Ressent-on une certaine fierté à participer à ce grand chantier ?
Oui, petit ou grand chantier, c’est toujours une certaine fierté une fois le chantier terminé d’avoir participé. Porte maillot, j’aurais toujours une émotion particulière lorsque je passerai à côté de cette gare – Porte Maillot.
Aucun regret d’avoir changé de voie ?
Absolument pas.